A travers mon enseignement, je souhaite transmettre une doctrine basée sur une tradition équestre, faite d’analyses et de méthodes. Pour commencer, je dirais que l’équitation à la française peut être assimilée à l’Art de bien faire les choses dans une perspective d’évolution.
Héritiers d’une longue culture équestre, les écuyers français ont su innover, perpétuer des techniques et une philosophie axées sur la légèreté des mouvements et la grâce du cheval par des exercices méthodiques. Nous avons cette chance de bénéficier de tout leur savoir théorique et pratique à travers des écrits relatant leur conception du dressage.
Tout au long des époques, l’équitation ne cessa d’évoluer, suivant les mœurs et les tendances.
En premier lieu le cheval fut la plus belle conquête de l’homme. Il fut utilisé par la suite comme moyen de déplacement dans le but de conquérir de plus vastes territoires. Puis, son utilisation s’orienta principalement vers un usage chevaleresque. La Renaissance italienne donna lieu à une nouvelle orientation de l’équitation ; l’art équestre prédomina et envahit l’Europe. Le but ultime était d’obtenir une monture légère, maniable et agréable dans son utilisation. Des maîtres de renom apparurent au grand jour tels que Fiaschi, Pluvinel, la Guérinière, Baucher… Pour ne citer que quelques-uns des écuyers les plus doués de leur génération.
De nos jours, l’équitation est plus appréciée pour les loisirs et le sport. Le temps a fait disparaître le cheval des champs de bataille, et les moyens de locomotion modernes l’ont rendu obsolète.
Du XVIème siècle à aujourd’hui, la vision du monde équestre a beaucoup évolué. En effet, nous avons pour mission de prendre en considération le bien-être de l’animal et de mieux orienter son emploi, car la fin ne justifie plus les moyens ni les procédés.
A travers cela nous sommes dépositaires d’une longue tradition : l’« équitation de tradition française ».
Reconnue et inscrite par l’UNESCO au patrimoine immatériel mondial, celle-ci confirma sa doctrine :
« L’équitation de tradition française est un art de monter à cheval ayant comme caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et l’humeur du cheval. La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le cheval participe volontairement aux exercices. »
Afin de mieux aborder la vision de l’équitation que nous pratiquons aujourd’hui, nous devons comprendre ses préceptes.
Je peux définir, sans certitude, l’éthologie comme la base du dressage qui sera le fondement de l’éducation du cheval. Quand je parle d’éthologie, bien-sûr, je parle de l'étude du comportement animal, ayant pour but d'examiner sa réaction sous plusieurs aspects tels que sa fonction adaptative, ses mécanismes, son développement au cours de la vie…
Au commencement, il n’y eu aucune méthode ni aucun moyen de soumettre la volonté du cheval. Sa domestication, il y a plus de 4000 ans, donna naissance à l’éthologie grâce à l’observation et à la compréhension de l’animal.
Nous pouvons dire que l’équitation est faite d’études et d’analyses, car chaque animal acquiert sa sensibilité dans un milieu qui lui est propre.
Au XXIème siècle l’environnement du cheval peut se définir à travers un pré, un paddock, un box… Il est vrai que de l’eau a bien coulé sous les ponts depuis plusieurs millénaires. Nous devons sans cesse nous accommoder à la société, à travers des technologies qui fournissent de nouveaux éléments d’amélioration, comme par exemple, des selles mieux adaptées à la morphologie de l’équidé. Tout cela change la donne à chaque étape de l’évolution. Mais sans cesse nous devons garder à l’esprit que le cheval ne change pas, qu’il reste le même cheval, sensible et craintif depuis des milliers d’années et que ses réactions sont dictées par la peur et la crainte s’exprimant par des défenses inopinées ainsi que par la fuite.
Anticiper cela, c’est passer par l’observation et l’analyse de cet animal en vue d’une pratique bien définie. Tout cavalier, directement ou indirectement, devra passer par une approche éthologique afin de bâtir une relation stable avec sa monture et un emploi mesuré.
Notre rôle est d’orienter les choix des équitants dans leur approche de la discipline. Sport ou loisir, les finalités se rejoignent afin d’avoir un cheval agréable et maniable, à l’écoute de son cavalier. Cela passe par un approfondissement des connaissances théoriques et techniques laissées par nos aïeux du monde équestre.
On dit qu’« Enseigner, c’est influencer une vie pour toujours ».
Je souhaite apporter aux cavaliers, non pas une méthode, mais une doctrine afin de leur permettre d’atteindre leur objectif final.
Je peux conclure cette courte analyse en définissant l’équitation de tradition française comme le fondement de la pratique équestre. Raabe disait à juste titre : « Le cheval fait ce qu’il veut bien faire, au-delà de son mécanisme c’est sa volonté qu’il faut acquérir ».